Le Gnaoua (au singulier Gnaoui, transcrit aussi sous l’orthographe Gnaua, Gnawa, Guenaua, etc.), désigne à la fois un style musical du Maghreb et les membres d’origine d’Afrique subsaharienne, principalement des descendants d’esclaves, rassemblés au Maghreb dans des confréries musulmanes mystiques dans lesquelles la transe et les rites de possession joue un rôle très important.
Les Gnaouas font partie du groupe ethnique des Haratin. Ils trouvent leur place dans un espace à la croisée des peuples berbères dont les touaregs, des peuples d’Afrique subsaharienne, de ceux de l’Islam, de leurs traditions religieuses (confréries, transes) et musicales et de leurs instruments.
La musique Gnaoua a été inscrite en 2019 sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO. Cette reconnaissance met en lumière l’importance de la musique Gnaoua, un élément essentiel du patrimoine culturel marocain, particulièrement célébré dans la ville d’Essaouira, où se tient le célèbre Festival Gnaoua. Cet événement attire chaque année des milliers de visiteurs et musiciens du monde entier, renforçant ainsi la portée internationale de cette tradition. Le Maroc, en enregistrant cet art auprès de l’UNESCO, a joué un rôle clé dans la préservation et la promotion de ce riche héritage culturel.
Origines
La musique et les rituels gnaouas auraient pour origine les cultes d’adorcisme (possession acceptée et cultivée) sahéliens réadaptés par les descendants des esclaves subsahariens au Maroc. Ces pratiques ont dû se métamorphoser et adopter l’Islam comme religion pour survivre.
Les gnaoua sont, dès la fin du XIXe siècle, identifiés comme une confrérie religieuse populaire dont les pratiques thérapeutiques seraient l’héritage de cultes mystiques subsahariens transmis par des générations de subsahariens musulmans installés au Maroc.
Musique gnaoua d’Algérie.
Des rituels s’apparentant aux Gnaoua du Maroc existent aussi en Algérie (diwan ou gnawi algérien), en Tunisie (le stambali) et en Égypte (le zār). Dans l’est de l’Algérie principalement, ils sont appelés stambali, benga, ou bori haoussa. Ils se ressemblent sur certains points (attestant ainsi une origine commune) et divergent sur d’autres points du fait des parcours spécifiques que ces groupes rencontreront dans les sociétés d’accueil au cours des siècles. En Libye, ce genre musical existerait dans le Fezzan sous le nom de stambali également ou de makeli.
Les ressemblances certaines entre les pratiques rituelles des Gnawa et celles des confréries soufies maghrébines prouvent une véritable parenté spirituelle qui exclut la thèse d’un syncrétisme où une religion extérieure se serait simplement accommodée à une religion dominante. Il s’agit de la constitution complexe et progressive d’une communauté et d’une pratique religieuse, sur une longue période, par « strates diverses et par apports semblables ». Il est plus judicieux de parler ici, pour répondre à la question des origines de cette communauté et de ses pratiques, d’une « synthèse », plutôt que d’une forme d’accommodation, de métissage ou de syncrétisme.
Rituels
Les Gnaouas s’articulent autour des maîtres musiciens (maâlmine), des joueurs d’instruments (luth à trois cordes guembri, crotales de fer qarqabu, tambour tbal), des voyantes-thérapeutes (chouwafate), des médiums et des simples adeptes. Ils pratiquent ensemble un rite de possession syncrétique (appelé lila de derdeba).
La M’hella représente le matériel nécessaire au déroulement des rituels. Elle est constituée de karkabous, boulalas (des cravaches pour flagellation), de Tbal (tambours), des tenues multicolores pour les danses, en vert, noir, rouge, blanc, bleu, chaque couleur a sa danse typique, des couteaux traditionnels, des drapeaux en petits fanions, d’une épée pour symboliser l’instauration de la paix, de Errouina (farine de blé), d’une bakhara porte encens B’khor, Chouabid fléchettes, de chapelet sebha, de gourdin bâton de sagesse, de quelque demi-manche à balai, un grand plat en bois (gassaâ), de deux rasoirs, de tapis traditionnel de peau de mouton. Dans ce même contexte la M’hella de Megzawa se compose, quant à elle, de petites clochettes, de chapeaux, de plumes, de trompettes, de petits morceaux de miroirs décoratifs, de cendre et de Daghnou, qui se composent de : lait, de vinaigre, d’amandes et de cacahuètes.